du 8 décembre 2022 au 7 janvier 2023
avec Olivier Bodini, Florence Cardenti, Julien Espagnon, Julien Gachadoat, Arnaud Pfeffer, Vidya-Kelie Juganaikloo, Soliman Lopez
L’exposition collective MICRO/MACRO présente des approches artistiques transverses entre photographie, programmation, et automatisation d’outils. Elle offre une vision du monde à différentes échelles, les artistes en questionnent les connexions et l’aspect formel qui en découle. Cette forme s’incarne en matière; qu’elle soit tangible ou digitale, elle semble appartenir à une organisation familière et complexe.
Le projet “Sisyphe, un lendemain” est né d’une collaboration entre Florence Cardenti, artiste qui s’illustre dans le champ de la photographie et l’exploration des médias, et Julien Espagnon, issu des Arts Appliqués et de la programmation créative. Les artistes ont mixé leurs disciplines et leurs médiums, en superposant des photographies macroscopiques de roches avec des dessins génératifs d'inspiration minérale. Dans cette exploration collaborative, l’interprétation de la forme rocheuse est soit capture de la réalité, soit déterminée par le code. Pourtant les motifs programmées paraissent aussi familiers que les photographies indexées au réel.
Les formes algorithmiques sont construites sur le modèle de la structure première des cristaux, qui grandit en se reproduisant à l'identique de façon aléatoire. Les possibilités génératives permettent la création de motifs proches de la matière minérale, qui rappellent l’entropie des éléments naturels.
La superposition des médiums et des points de vues, offrent une dimension particulièrement attractive aux oeuvres. La photomacrographie apporte cette vision détaillée, qui permet une immersion totale dans l’oeuvre. L’alliage entre la matière photographique et le tracé précis et monochrome du dessin se croisent dans un juste équilibre.
Julien Gachadoat explore les possibilités du dessin génératif en créant des œuvres uniques produites par algorithmes. Combinant des éléments géométriques monochromes et jouant sur les répétitions spatiales, il travaille sur l’émergence de formes abstraites en introduisant une part d’imprévisibilité à l’aide de séquences de nombres aléatoires. Développant ses propres outils de création à partir de règles graphiques simples, Julien Gachadoat utilise l’ordinateur « cet exécutant hors-pair » pour paraphraser Vera Molnar, pour naviguer dans le champs des motifs possibles. Ces formes uniques sont figées sur papier avec un traceur, créant ainsi un lien entre écriture et code.
Olivier Bodini est spécialiste de la théorie des pavages et de la génération aléatoire de structures combinatoires. Il est titulaire d’une thèse sur les générateurs de Boltzmann ; principe mathématique permettant de définir des algorithmes simulant le comportement d’organisations complexes. En détourant l’usage du logiciel de calcul formel Maple, il donne une forme artistique à des visualisations de connections sociales sur Twitter. S’ensuit une production reposant sur des principes mathématiques tels que les équations de propagation et les algorithmes de recherche de communauté. En effectuant des requêtes sur une base de données de tweets, il organise et modélise les datas que forment les traces d’interactions. Regroupées par couleur suivant des intérêts communs et des communautés, il obtient des graphes complexes où chaque cercle représente un individu tandis qu’un lien raccorde un échange ; formalisant ainsi des réseaux d’influences.
Olivier Bodini explore les systèmes esthétiques, à la recherche d’un équilibre entre complexité et compréhensibilité visuelle. Il s’intéresse particulièrement à la perception cognitive d’oeuvres ayant une richesse sémantique, entropique. Ses compositions sont formées d’une multitude d’informations qui pourraient laisser place au chaos. Pourtant la richesse de l’organisation spatiale et la valeur esthétique qui en découle, paraissent appartenir à l’universel.
Soliman Lopez est un artiste contemporain d’origine espagnole. Sa carrière d'historien de l'art et son Master en art et communication ont conditionné son évolution artistique vers un l'art conceptuel, orienté sur une recherche technologique.
OLEA est un projet hybride englobant technologies blockchains et biotechnologies. Il consiste en la création d'une nouvelle crypto-monnaie transcrite en échantillon d'ADN, et transférée sous forme physique. Pour sa mise en oeuvre, Solimán López réunit une équipe d'experts en biotechnologie et génétique, en collaboration avec des développeurs Blockchain, et les membres du Studio de l’artiste. Ils synthétisent la crypto-monnaie en utilisant des systèmes de stockage numérique basés sur le code génétique, qui permettent de stocker des informations dans l'ADN, puis les transfèrent dans des molécules d’huile d’olive. OLEA intègre un regard conceptuel sur la révolution économique liée à l'avènement des crypto-monnaies, en les transposant par la science dans un élément naturel, et les connectant ainsi à un produit primaire de la terre. Cette matérialisation en un produit tangible issu de l’agriculture, pourrait devenir un nouveau moyen de considérer les échanges économiques et monétaires.
Le projet se décline sous diverses formes ; sculpturales, audiovisuelles, installations et vidéos NFT. La série de vidéos Olea Genesis, représentent symboliquement la synthèse du projet OLEA, à travers la mise en scène d’une goutte d’huile d’olive dans des paysages virtuels.
La vidéo Olea Genesis, Space 1/10 est présentée à l’exposition MICRO/MACRO via la technologie Infinite Object ; une écran LCD qui contient l’oeuvre digitale reliée à un NFT par code QR unique.
Vidya-Kelie Juganaikloo est une artiste transmédia Franco-Mauricienne, née en France, vivant et travaillant à Paris. Elle utilise la technologie pour capturer des traces d’échanges et de connections, en capte les phénomènes sensibles pour leur offrir une représentation symbolique. Elle donne ainsi un aspect tangible à des liens impalpables, des informations insaisissables, liés aux liaisons humaines ou organisationnelles. L’artiste redéfinit le rapport d’échelle de nos échanges liés à l’utilisation de technologies dans notre vie courante, en les liants aux éléments, comme dans sa série SUN, avec le soleil. Dans cette série elle donne une vision de connections à l’espace mondial et à partir de données collectées sur Instagram. Toutes les secondes, les personnes qui sont connectées au réseau social Instagram publient de nouvelles photos avec le hashtag #SUN. Sur une carte, l’activité du hashtag trace une ligne jaune abstraite et infinie que l’artiste nourrit par un récit qu’elle génère avec une intelligence artificielle.
SUN est une œuvre qui se situe entre une carte émotionnelle et un répertoire de données en temps réel. Les photographies postées sur le fil révèlent les trajectoires d’un soleil numérique et archive de manière poétique de ciel contemporain de milliers de « Soleils » digitaux.
Vidya-Kelie déploit ses concepts sur des supports protéiformes, ils s’incarnent dans le digital comme dans le tangible. La série SUN, dont l’origine est numérique, a été déclinée par l’artiste en tirage papier, dibond et pour la première fois présentée en miroir sur plexiglass.
Arnaud Pfeffer est designer industriel et artiste génératif né en 1992, il vit et travaille à Paris. Sa pratique consiste à explorer le lien entre le physique et le digital, particulièrement en utilisant des machines à dessiner, comme les plotters. C’est cette confrontation d’un mouvement mécanique parfait, avec la matérialité laissé par la trace de l’outil qui l’intéresse particulièrement. Dans ce processus l’accident graphique et l’imprévu sont d’autant plus visibles que le tracé est délégué à un mouvement d’une précision inhumaine. Pour entretenir cette résonance, il conçoit ses propres outils graphiques et détourne des machines existantes. De sa formation technique ingénieur, il a développé une appétence pour les procédés industriels et outils prototypage rapide (CND, découpe laser) utilisés en création industriel. En découle aussi son approche du design, et son travail autour du vocabulaire de l’outil.
La série “Automated Suminagashi” est inspirée de la technique Japonaise, dite de de l’encre coulante, qui consiste à créer des motifs de marbrures à l’encre.
En plaçant des gouttes d’encre à la surface de l’eau, puis en perturbant la matière avec un passage au traceur, il crée des motifs qu’il dépose ensuite sur le papier. Cette série est dans le prolongement des expérimentations de l’artiste autour de la robotisation d’outils ; les jeux graphiques obtenus par des tracés automatisés et le jeu avec les médiums. En capturant des motifs naissants par les mouvements de l’eau et de l’encre, il saisit le processus aléatoire et naturel de générations des formes.
Arnaud Pfeffer s’inscrit dans une démarche en équilibre entre controle du procédé de fabrication déterminé par l’intervention robotique, et l’impondérable lié à une approche plus artisanale. Cette exploration entre physique et digital est directement lié à sa formation initiale en design industriel ; particulièrement les champs de recherche liés à la l’automatisation d’outils et la recherche de matériaux.
“Je détourne des machines existantes comme des machines à tatouer, bricole des mécanismes comme des pinceaux rotatifs, itère au sein d’un même outil pour explorer la production sensible que l’on peut obtenir de façon robotique.”